En quoi consiste le "Great Reset" de Klaus Schwab & Thierry Malleret?

Par: Ophélien Champlain

Klaus Schwab est ingénieur, économiste et président du Forum Économique Mondial [il a aussi été membre du comité directeur du Groupe Bildenberg]. Moins connu, Thierry Malleret est un économiste qui a été responsable de la réunion annuelle de Davos de 2000 à 2006 et qui a dirigé le Global Risk Network du Forum Économique Mondial. Schwab et Malleret sont deux faiseurs d'opinions très suivis par les PDG et par les dirigeants politiques. Avec leur livre "COVID-19 - Grande Réinitialisation", ils lancent une analyse prédictive du monde post-covid-19. C'est un projet de planification économique et sociale qu'ils espèrent servira de guide aux investisseurs, chefs d'entreprises et dirigeants politiques. 

Les auteurs annoncent d'emblée que les choses ne reviendront jamais à la normale suite à cette crise sanitaire qu'ils définissent comme "un point d'inflexion fondamental dans notre trajectoire mondiale"Les propos entourant spécifiquement la covid-19 confortent le narratif entendu dans les médias mainstream [sans avoir vu le nom des auteurs, on saurait qu'il ne s'agit pas d'une collaboration entre le Dr. Didier Raoult et le Dr. Louis Fouché]. Pour justifier l'ampleur de cette réinitialisation, la dangerosité du virus doit être maximisée, et les mesures sanitaires ne peuvent pas être considérées excessives. Il y a des comparaisons avec la peste dans six différents passages de l'ouvrage. 

Le contenu est somme toute présenté de manière à sembler neutre et raisonnable, même si les passages de la section sur la réinitialisation technologique qui justifient les applications de traçage et la surveillance de masse glacent le sang. On rassure le lecteur en expliquant que les scénarios dystopiques ne sont pas une fatalité. Le décryptage nécessite toutefois de savoir lire entre les lignes. Parfois, deux alternatives sont présentées - mais il est facile de percevoir laquelle est envisagée, voire promue, surtout quand on connaît la posture idéologique de Klaus Schwab, que l'on peut définir par trois principes fondamentaux. 

Premièrement, Klaus Schwab prône le principe du capitalisme des parties prenantes, par opposition au capitalisme actionnaire. Deuxièmement, il est en faveur d'une gouvernance mondiale. Et troisièmement, il est partisan du développement de l'intelligence artificielle et du trans-humanisme, et préconise une quatrième révolution industrielle: une révolution technologique qui "brouille les frontières entre les sphères physique, numérique et biologique". 

En quoi ce capitalisme des parties prenantes est-il différent du capitalisme actionnaire? L'actionnaire est toute personne qui détient au moins une part dans la compagnie, qui a ainsi un intérêt dans sa rentabilité, avec un droit de vote qui lui permet d'influencer la gestion de la compagnie. Mais que sont exactement les parties prenantes d'une entreprise? Elles comprennent les dirigeants et les actionnaires, ainsi que les employés de la compagnie et les syndicats [ce sont les acteurs internes]. Les parties prenantes incluent aussi d'autres acteurs externes qui sont concernés par ses activités, soit: les clients qui dépendent sur la compagnie pour obtenir un bien ou service, les fournisseurs et les vendeurs qui en dépendent pour assurer leurs revenus, les détenteurs d'obligations, soit ceux qui prêtent de l'argent à l'entreprise sans toutefois en devenir actionnaires [ce qui inclut les banques], les compagnies d'assurance et la chambre de commerce. Et ce n'est pas tout: les acteurs externes comptent aussi les ONG, les associations citoyennes, l'administration territoriale [là où l'entreprise exerce ses activités] et même le gouvernement. 

La notion de partie prenante recouvre les champs de l'éthique environnementale, de l'éthique financière et de l'éthique sociale. Selon la norme 21500*¹ de l'ISO [l'Organisation Internationale de Normalisation], les parties prenantes d'un projet sont les personnes, groupes ou organismes intéressés qui peuvent affecter, être affectés ou se sentir affectés par un quelconque aspect du projet [mot clé: "se sentir"].

Pour Schwab et Malleret: "la valeur pour les actionnaires deviendra une considération secondaire, plaçant au premier plan la primauté du capitalisme des parties prenantes. (...) Les entreprises seront également tenues de rendre des comptes sur les fractures sociales et environnementales, et on attendra d’elles qu’elles fassent partie de la solution à ces problèmes." 

Le principe du capitalisme des parties prenantes permet à des acteurs externes [organisations de la société civile, banques ou gouvernements] d'imposer leurs volontés aux acteurs internes de l'entreprise. Dans l'optique de militants écologistes, le principe du capitalisme des parties prenantes peut sembler très positif [et c'est d'ailleurs généralement sous cet angle que ses adeptes, dont Schwab, le présentent]. Par contre, pour quiconque ayant une sensibilité libertarienne, ça pose problème. Outre, et c'est le point primordial, ce principe ouvre grand la porte à l'imposition des dictats de la culture "woke". Un exemple: en décembre 2020, le NASDAQ a déposé une proposition à la SEC [U.S. Securities and Exchange Commission] pour adopter de nouvelles règles d'inscription*² en vertu desquelles chaque entreprise devra avoir au moins deux personnes issues de la "diversité" sur son conseil d'administration, incluant une qui s'identifie comme femme et une autre qui s'identifie à une minorité sous-représentée ou à la communauté LGBTQ+. Qui dit "Great Reset" dit aussi culture "woke" [le mouvement Black Lives Matter est évoqué à deux reprises dans le livre, et jamais sous un angle critique]. 

Le capitalisme des parties prenantes peut aussi conduire à l'imposition des mesures [ou de restrictions] d'ordre sanitaire permanentes. Le projet d'un passeport vert [ou passeport vaccinal] est déjà sérieusement envisagé: soit une attestation de vaccination qui serait requise pour voyager à l'étranger, mais peut-être aussi pour aller à la piscine publique ou au restaurant. 

Dans la seconde partie, il sera question de la relance économique envisagée dans le livre et pourquoi on peut penser que la crise sanitaire est instrumentalisée à ces fins.


https://www.iso.org/obp/ui/#iso:std:iso:21500:ed-1:v1:fr

https://www.nasdaq.com/press-release/nasdaq-to-advance-diversity-through-new-proposed-listing-requirements-2020-12-01





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