Kathleen Stock : quand je dis que Rowling n'est pas la seule

Par: Annie-Ève Collin

Il y a quelques mois, j'écrivais un billet pour faire remarquer que JK Rowling est devenue un symbole. Elle a été traînée dans la boue pour avoir pris position publiquement à l'effet que le sexe est une réalité, avec des implications concrètes. Contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, Rowling n'a pas pris position contre les droits des personnes trans, ni nié l'expérience des personnes trans. 


Ceux qui prétendent que parler des réalités qui concernent les femmes (les femelles humaines), de leurs intérêts spécifiques et des droits qui devraient venir avec, revient à attaquer les personnes trans, sont pour ainsi dire en train d'affirmer que pour ne pas attaquer les personnes trans, les femmes devraient faire semblant de ne pas exister, ce qui est d'une profonde misogynie.

De nombreuses personnes ont minimisé la gravité du traitement subi par Rowling en soulignant le fait qu'elle est riche et célèbre, et donc pas du tout une personne opprimée. Dans le billet que je mentionnais précédemment, j'ai fait remarquer que Rowling n'est qu'UN cas de femme harcelée pour avoir rappelé l'importance, pour les femmes, d'avoir des droits liés à leur sexe. On entend surtout parler d'elle, et pas des autres femmes à qui ça arrive, justement parce qu'elle est riche et célèbre, mais celles dont vous n'entendez pas parler existent elles aussi (et puisque, précisément, elles ne sont pas riches et célèbres, on peut soupçonner que les impacts sur elles de ce harcèlement sont encore pire).

Kathleen Stock est précisément une autre de ces femmes traitées comme un monstre de bigoterie, de fermeture, d'intolérance, parce qu'elle commet la "faute impardonnable" de rappeler que le sexe est réel, et qu'il y a des gens pour qui cette réalité est importante et dont les droits sont menacés si on fait de cette réalité un tabou.


Professeure de philosophie à l'Université du Sussex, Kathleen Stock se retrouve ostracisée non seulement par des militants LGBTQ-alouette, mais aussi par ses collègues. Ceux qui s'en prennent à elle prétendent s'opposer à la transphobie, mais affirmer l'existence du sexe et l'importance pour les femmes d'avoir des droits liés à leur sexe, ne relève pas de la phobie. De plus, je réitère que prétendre que les femmes doivent la mettre en veilleuse avec leurs intérêts liés à leur sexe pour qu'on puisse considérer qu'elles n'attaquent pas les autres, c'est de la misogynie.

Pour conclure : bien que moins célèbre que Rowling, Stock occupe quand même la position de professeure d'université, une position plutôt enviable, elle a suffisamment de notoriété pour que son cas ait été abordé dans certains médias. J'en profite pour mentionner aussi l'artiste Vanessa Vokey, qui s'est débrouillée pour se faire connaître en utilisant YouTube et d'autres réseaux sociaux. Mais derrière cela, il y a aussi des femmes qui ne sont pas riches, qui ne sont pas célèbres, qui ne sont pas non plus professeures d'université, des femmes qui n'occupent aucune position privilégiée, et qui ne veulent pas non plus affronter ce que doit affronter Vanessa Vokey (il vous suffit d'aller voir les commentaires violents qu'on peut lire sous ses vidéos sur YouTube pour vous faire une idée de ce qu'il en coûte de rappeler que le sexe existe et qu'il a des implications concrètes). 

Derrière ça, il y a des femmes qu'on arrive à faire taire.



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