JK Rowling : un symbole

Par: Annie-Ève Collin

Un nouveau roman signé JK Rowling a récemment fait son arrivée sur les tablettes des librairies. Depuis maintenant plusieurs mois, il n'y a pas moyen que JK Rowling se gratte le nez sans que des idéologues du genre cherchent à interpréter son geste comme une attaque envers les personnes trans et les personnes autoproclamées non binaires.


Quelques rappels

Reprenons depuis le début, si vous voulez bien. JK Rowling s'est permis de rappeler que les "personnes qui ont des menstruations" sont des femmes. Vous rendez-vous compte qu'on est à une époque où quelqu'un peut faire l'objet d'une controverse, et même d'une campagne de salissage, pour avoir énoncé un fait aussi évident ? 

"Il y a des hommes trans qui ont des menstruations!" Vous savez, si ce sont des hommes TRANS, c'est justement parce que ce sont biologiquement des femmes. 

"Il y a des personnes non binaires qui ont des menstruations." Ici, je vais me permettre une supposition : toutes les personnes qui s'autoproclament non binaires et qui ont des menstruations, considèrent avoir été assignées filles/femmes à la naissance. Et ça, ce que ça veut dire en réalité, c'est qu'elles sont objectivement des femmes mais qu'elles s'identifient autrement.



Les propos de JK Rowling n'ont rien d'anti-trans. Rappeler que le sexe existe, que les femmes vivent une réalité, celle d'avoir un sexe femelle, et qu'on doit les laisser parler de leur réalité, ce n'est pas une attaque contre les personnes trans, c'est demander de la considération pour les femmes. 

De nombreuses personnes diabolisent Rowling pour avoir ainsi défendu les femmes. Des personnes qui osent se présenter comme des modèles d'empathie et de défense des droits humains. Si vous vous foutez de l'impact que ça a sur les femmes qu'on cherche à rendre tabou la réalité objective avec laquelle elles vivent, vous n'êtes PAS un modèle d'empathie, et ne venez surtout pas prétendre que vous vous souciez de tous les humains.

Rowling a toujours été claire à l'effet qu'elle est pour l'inclusion des personnes trans dans la société, que celles-ci soit acceptées comme elles sont et protégées dans leurs droits.

Justement : acceptées comme elles SONT. Les personnes trans de sexe mâle ne sont pas des femmes : ce mot sert à désigner les femelles adultes de l'espèce humaine, et non les personnes qui s'identifient au genre féminin ou qui "performent" le genre féminin. Les personnes trans de sexe femelle ne sont pas des hommes : ce mot sert à désigner les mâles adultes de l'espèce humaine. 

Inclure et respecter les personnes trans, ne veut pas dire faire semblant de ne pas connaître la différence entre eux et d'autres personnes.

Quoi qu'en disent les idéologues du genre, l'attitude de Rowling est conforme aux valeurs véhiculées dans Harry Potter

Des idéologues du genre ont reproché à Rowling d'aller à l'encontre des valeurs qu'elle véhiculait dans la série Harry Potter, des valeurs d'inclusion, d'acceptation des différences. On lui fait des reproches qui ressemblent à ceci : "Dans ses romans, on présente comme bien que les sorciers respectent les moldus* plutôt que de se placer au-dessus d'eux ou pire, de vouloir les éliminer, on encourage l'inclusion de ceux qui sont différents, comme Lupin qui est un loup-garou, Hagrid qui est un demi-géant, etc. Mais dans la vraie vie, elle encourage l'exclusion de ceux qui sont différents, comme les personnes trans !"

Eh bien, l'attitude de Rowling envers les personnes trans me semble au contraire calquée sur l'attitude qu'elle donne à des personnages comme Dumbledore, Herminone, les Weasley, bref, les personnages positifs, par opposition aux personnages négatifs comme Malfoy, Umbridge (Ombrage en français) et d'autres, qui eux méprisent et rejettent les moldus et ceux qui ne sont pas tout à fait des humains.

En effet, on veut inclure Hagrid, qui est un personnage aussi adorable que courageux, dont on sait qu'il est un demi-géant. Cela ne devrait pas être honteux, et on ne devrait donc pas être gêné de le dire. On le prend comme il est, sans faire semblant qu'il n'est pas un demi-géant.

On ne fait pas semblant non plus que le professeur Lupin n'est pas un loup-garou, ou en fait, si : c'est une information que, dans l'histoire, la direction de l'école, se retrouve obligée de cacher, parce qu'il y a des gens qui se méfient injustement des loups-garou. En même temps, ceux qui ne s'en méfient pas et acceptent Lupin comme il est, savent par ailleurs que ce dernier doit prendre des précautions dans les moments où il risque de se transformer en bête. Lupin lui-même le sait : c'est aussi ça, accepter quelqu'un comme il est et s'accepter comme on est, c'est gérer sa situation en tenant compte de ce qu'on est réellement.

La position de JK Rowling va exactement dans ce sens-là : les personnes trans sont des humains qui méritent d'être inclus dans la société, tels qu'ils sont, d'être protégés dans leurs droits, mais on sait que les femmes trans ne sont pas des femmes biologiques, ni les hommes trans des hommes biologiques. Tous sont des humains aussi respectables, mais différents les uns des autres, et on n'a pas à s'empêcher de nommer ces différences, encore moins d'agir en conséquence.

Qui se rend coupable d'exclusion?

Je vais vous dire qui : les idéologues du genre ! Les menaces de viol, de meurtre, les insultes qui ont été adressées à JK Rowling le montrent avec beaucoup d'éloquence. Sans parler des appels à la boycotter, des tentatives continuelles pour la présenter comme infréquentable, indigne de respect, certains vont jusqu'à lui refuser le mérite pour son oeuvre ! ÇA, c'est de l'exclusion.

"Pffff, Rowling est millionnaire, elle ne fait pas pitié. On la fait pleurer ? Elle va pouvoir se tamponner les yeux avec des billets de 1000$"

Oui, Rowling est millionnaire...c'est probablement pour ça qu'elle a pu continuer de tenir tête : elle ne risque pas de se retrouver sans revenu. C'est aussi probablement sa célébrité qui fait en sorte qu'on a autant entendu parler de son cas. Parce que des femmes dans sa situation, il y en a d'autres, et qui n'ont pas des millions de dollars, elles.

Ce genre d'exclusion a été remarqué par Rowling : 



Bien des femmes, dont la majorité n'ont pas eu leur nom cité dans les médias puisqu'elles ne sont justement ni riches ni connues, ont payé un prix élevé pour avoir défendu le droit des femmes de parler de leur réalité, et de recevoir de la considération pour ce dont elles ont besoin en tant qu'humains de sexe femelle, ou simplement pour avoir été des victimes d'abus qui se sont réfugiées dans un centre pour femmes et ont exprimé leur malaise de devoir partager leur chambre avec une personne de sexe mâle.

Des femmes ont été exclues : perte d'emploi, annulation de conférence, tentatives pour les faire annuler ou encore chahutage pour les empêcher de se faire entendre, perte de tribune, salissage sur les réseaux sociaux, harcèlement en groupe. Des femmes ont été menacées, incluant des menaces de viol, et même victimes de coups et blessures. 

La majorité d'entre elles n'ont pas de moyens financiers, elles n'ont pas les privilèges de Rowling (si vous vous demandez pourquoi vous n'en avez pas entendu parler si ces cas existent : eh bien c'est pour ça, justement, parce qu'elles ne sont ni riches ni connues). 

Rowling est devenue un symbole, parce qu'elle joue (possiblement sans l'avoir souhaité) un rôle malheureusement nécessaire : celui d'un modèle célèbre et suffisamment au-dessus de ses affaires pour se permettre de briser publiquement ces tabous qu'on veut nous imposer sur la réalité des sexes. Un modèle dont les autres, moins privilégiés, en particulier les femmes, peuvent se réclamer.


*Dans la série Harry Potter, les sorciers désignent avec le terme "moldus" (muggles dans la version originale anglaise) les humains qui ne peuvent pas faire de magie.



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