La technique Xavier Camus

Par: Annie-Ève Collin

Ces jours-ci, Xavier Camus, blogueur suivi par des centaines de personnes, réputé pour ne pas accorder beaucoup d’importance à l’exactitude de ce qu’il « rapporte » dans ses billets, fait parler de lui sur Facebook, d’une part parce qu’il a apparemment reçu des menaces, mais aussi parce qu’une capture d’écran de propos dans lesquels il est pratiquement en train de faire l’apologie des Frères musulmans est ressortie. Le chroniqueur Richard Martineau, suivi par encore plus de gens que Pinocchio Camus, ayant partagé la capture d’écran sur sa page Facebook, elle ne manque pas de visibilité : https://www.facebook.com/photo?fbid=10158836824152220&set=a.10151289787682220

 

La réaction de Xavier Camus à la situation est à faire mourir de rire quiconque est au fait des procédés habituels de ce sombre personnage. En effet, il plaide que ces propos sont sortis de leur contexte, et il demande qu’on le « laisse tranquille avec des phrases hors contexte »! Or, c’est la spécialité de Xavier Camus, de salir des gens en utilisant des captures d’écran sorties de leur contexte.

 

Je ne discuterai pas longuement du fait que dire que les Frères musulmans s’adaptent souvent aux pays dans lesquels ils sont, dire qu’ils ne sont pas dangereux, et les présenter comme des victimes des islamophobes, comme s’il n’y avait pas d’excellentes raisons de se méfier des Frères musulmans, ça demeure des propos problématiques, peu importe le contexte.

 

Non, je vais plutôt profiter qu’on parle de Xavier Camus pour dénoncer sa malhonnêteté, en décortiquant un texte qu’il a écrit sur quelqu’un que je connais bien. Prendre des captures d’écran des propos des gens, les publier sorties de leur contexte et EN PLUS leur donner une interprétation de son crû, tout cela fait partie des procédés que Xavier Camus privilégie.

 

Avant même de parler de son texte sur Ophélien Champlain, ancien DJ, et membre de notre équipe à Discernement, j’aimerais déjà faire remarquer une différence entre ce qu’a fait Richard Martineau et ce que fait Xavier Camus : Martineau s’est contenté de publier la capture d’écran des propos de Camus. En revanche, comme l’exemple que je donne l’illustre, Camus, lui, influence ses lecteurs en donnant aux propos dans les captures d’écran un sens qu’ils n’ont pas. Camus prête aux personnes qu’il salit dans son blogue des intentions qui ne sont aucunement exprimées par leurs propos, et même des propos qui ne sont même pas écrits sur les captures d’écran.

 

Voici le lien pour le texte de Pinocchio sur mon confrère et ami Ophélien : https://xaviercamus.com/2020/01/12/ophelien-champlain-un-dj-de-montreal-qui-sen-prend-aux-caissieres-musulmanes/?fbclid=IwAR1GEVWZGXJQRQ7YyXFdQjoVOiqXyeX7QdTolDNq2EV_G7Szd83EWPDzYS4

 

Un titre mensonger

 

Regardez d’abord le titre de ce texte abject : « Ophélien Champlain, un DJ de Montréal qui s’en prend aux caissières musulmanes ». Ce texte est tout à fait mensonger! Rien, dans le texte – ni rien de ce que fait Ophélien Champlain par ailleurs – ne permet d’affirmer qu’il s’en prend aux caissières musulmane. S’en prendre à quelqu’un, ça veut dire l’attaquer. Rien de ce qui est écrit dans le texte ne montre d’attaque de la part d’Ophélien, ni envers des caissières musulmanes, ni envers personne. Ophélien proteste contre le fait que les commerces aient des règles vestimentaires qui ne sont pas équitables, parce que la majorité des employés sont obligés d’éviter d’afficher leurs convictions au travail, à plus forte raison quand ils doivent porter un uniforme, mais on fait une exception pour ceux dont les convictions sont religieuses. Protester contre ce genre d’inégalité n’a rien à voir avec attaquer des gens.

 

Tordre le sens des propos sur une capture d’écran pour salir quelqu’un

 

Dans sa façon de « rapporter » un incident dans une succursale de Bureau en gros, Camus prétend que Champlain a « sermonné » une caissière qui portait un voile. Ce que révèle la capture d’écran des propos de Champlain, censés appuyer la prétention de Camus, est pourtant tout autre chose.

 

Champlain dit avoir fait part à la caissière de son malaise, dû au fait qu’elle affichait devant lui – qui est un client dans le contexte – un signe politique, alors que si les rôles étaient inversés, lui ne pourrait pas afficher un signe politique devant elle. Il est sorti du magasin sans rien acheter.

 

Autrement dit, Ophélien Champlain a utilisé son pouvoir d’achat, il a décidé de boycotter un commerce, en laissant savoir avant de sortir dudit commerce, la raison de son refus d’y acheter des choses. Rien de cela ne constitue une attaque. Un consommateur a le droit de décider où il fait ses achats, et qu’il fasse part à ceux qui travaillent dans un commerce des raisons pour lesquelles il choisit d’acheter ailleurs, n’a rien d’une attaque.

 

Il est aussi à noter que ce qui le dérangeait n’était pas le fait que la caissière soit musulmane, mais le fait qu’on la laisse l’afficher, alors qu’on ne laisserait pas un employé dont les convictions ne sont pas religieuses afficher les siennes.

 

Camus tord le sens d’une autre capture d’écran plus loin dans le même billet, en présentant la situation comme quoi Champlain aurait « dénoncé une caissière » et aurait « porté plainte au gérant ». Or ce que disent les propos sur la capture d’écran, c’est que Champlain a demandé à parler au gérant, après avoir remarqué qu’une caissière était voilée, pour lui demander si lui, s’il était caissier dans son magasin, serait également autorisé à porter l’une de ses casquettes avec des slogans qui expriment ses convictions.

 

Quand est-ce que demander à un gérant de magasin s’il autorise le port d’une casquette avec un slogan à ses employés est devenu : « Je porte plainte contre cette caissière. »?

 

Ces deux exemples illustrent bien le procédé que je reproche à Xavier Camus : il ne se contente pas de publier des captures d’écran des propos des gens – et on ne parle même pas toujours de propos de personnalités publiques, non il cible des citoyens ordinaires dans son blogue ; Ophélien Champlain était un simple DJ ! – il publie les propos des gens en leur faisant dire des choses qu’ils ne disent même pas.

 

Xavier Camus ne cherche pas à être certain de ce qu’il avance

 

Dans la section Qui est « Ophélien Champlain »? de son billet de blogue, Xavier Camus attire l’attention sur le fait que Champlain se présente comme un homosexuel anti-LGBTQ+, en disant que c’est bizarre. Or, si Camus était rigoureux, il aurait d’abord vérifié ce que ça signifie. Il lui aurait suffi de s’intéresser à ce que ça peut vouloir dire pour comprendre que c’est une position légitime.

 

En effet, de nombreuses personnes homosexuelles et bisexuelles, ainsi que des personnes trans, se dissocient aujourd’hui des mouvements associés au sigle LGBTQ+, et à l’idéologie prônée par ces mouvements. Ça ne veut absolument pas dire qu’ils ont quelque chose contre les personnes qui sont homosexuelles, bisexuelles ou trans. L’information à ce sujet n’est même pas difficile à trouver ; que Camus se soit contenté de pointer cet élément de la description d’Ophélien Champlain sur Twitter suggère qu’il souhaitait simplement salir Champlain, sans se soucier de rapporter la vérité à son sujet.

 

Le fait d’être homosexuel ou bisexuel, le fait d’être trans, n’oblige en rien à adhérer à certaines idées sociales ou politiques plutôt qu’à d’autres. Que les regroupements et les mouvements LGBTQ+, qui sont des regroupements et mouvements POLITIQUES, rencontrent de l’opposition chez des personnes qui sont elles-mêmes homosexuelles, bisexuelles ou trans est une chose à laquelle il faut s’attendre dans une société démocratique qui protège la liberté de conscience de chacun de ses citoyens.

 

 

Dommages causés à Ophélien

 

Dans la section Qui est « Ophélien Champlain »? de son billet de blogue, Xavier Camus mentionne à ses lecteurs pour quel bar travaille le pauvre DJ : donner des informations qui permettent de retracer les personnes qu’il salit, et ainsi d’agir de façon à leur nuire, voilà un autre procédé privilégié par Xavier Camus. Suite à ce billet calomnieux, Ophélien Champlain a non seulement été victime de cyberintimidation, mais il a aussi perdu son emploi après que des lecteurs de Xavier Camus se soient mis à harceler son employeur pour qu’il le mette à la porte.

 

Xavier Camus prétend défendre les personnes opprimées, comme par exemple les femmes voilées. Or, que pensez-vous que les femmes voilées ont gagné du fait qu’un DJ se retrouve sans emploi ? Eh bien voilà : rien du tout!

 

Xavier Camus n’aide pas les opprimés, il s’en prend à des gens. Et même pas à des gens qui ont du pouvoir ; à des gens ordinaires.

 

Je n’ai même pas démenti toutes les demi-vérités qui se retrouvent dans ce billet abject qui a coûté son emploi à un simple citoyen dont l’emploi n’avait rien d’un poste influent dans lequel il aurait pu inciter d’autres gens à penser comme lui : même à supposer que ses idées soient mauvaises – ce qu’elles ne sont pas – le priver de son emploi de DJ n’aurait rendu service à personne.



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