En 1ère
partie, j'ai détaillé des raisons pour lesquelles un homosexuel (ou une
lesbienne) rejetterait l'acronyme LGBTQ+ en me concentrant sur des questions
qui se rapportent au "T". Ici, je vais aborder l'absurde
cohabitation du "LGB" avec le "TQ+" puis m'aventurant en
terrain plus hasardeux, expliquer pourquoi on pourrait aussi vouloir se
dissocier de la mouvance LGBTQ+ à cause du "LGB".
Le "TQ+" réfère à "l'idéologie
queer", qui rejette la notion de binarité. Les transgenres non binaires ne
s’identifient ni au féminin ni au masculin et revendiquent que les formulaires
soient adaptés. Ils veulent imposer à l'ensemble de la société l’emploi de
nouveaux pronoms pour les désigner. S’ajoute la notion de "fluidité",
selon laquelle l’identité de genre pourrait fluctuer au gré des jours ou de
saisons. Il y aurait au-delà de 50 identités de genre! Ne lui en déplaise, le transgenre non binaire demeure homme ou femme,
dépendamment de ses organes sexuels. C'est quelqu'un d'apparence androgyne - ce
qui n'a rien de mal en soi, et surtout rien de nouveau. Les vedettes aux looks
androgynes ont dominé la musique populaire des années 80. Mais Boy George ne
revendiquait pas de nouvelles cases à cocher et ne cherchait pas à nous imposer
une novlangue à coups de pronoms. Il ne s'identifiait ni comme Girl George, ni comme
Ze George, et ne cherchait pas à politiser une identité de genre
quelconque. Le concept de non binarité affronte la notion même d'homosexualité.
S'il n'y a plus de masculin et de féminin, comment peut-il y avoir de
l'homosexualité? L'idéologie queer balaie ainsi 50 ans de lutte pour le droit
des homosexuels du revers de la main.
Si la mouvance LGBTQ+ défend
désormais des causes farfelues qui frisent le délire, ce n'était pas le cas du
"mouvement gai" jadis, lorsqu'il militait pour éliminer les tabous,
mettre fin à la discrimination et atteindre l'égalité de droit. Il portait la volonté
de remplacer le sentiment de honte des personnes homosexuelles par
l'affirmation de soi. L'acceptation sociale des homosexuels en Occident,
inégalée ailleurs dans le monde, résulte de décennies de mobilisation, qui ont
facilité les sorties de garde-robe, dont celles de personnalités influentes des
milieux politique, sportif, et artistique, à l'époque où ça demandait encore un
certain courage.
Qu'en est-il du "mouvement gai" aujourd'hui? Son dernier combat est celui de l'homoparentalité adoptive, un thème controversé qui, quoi qu'on en pense, n'est pas aussi rassembleur que le combat contre la discrimination à l'emploi. Il ne s'agit évidemment pas d'une entité monolithique s'exprimant d'une seule voix, mais on y entend encore un discours communautariste qui perçoit toute l'actualité dans le prisme de la cause gaie. Certains vont même jusqu'à dénoncer une homophobie systémique, comme si l'acceptation sociale n'avait pas progressé en Occident depuis 1975! Si le combat homosexuel a été la raison d'être d'un activiste toute sa vie durant, on peut comprendre qu'il peine à lâcher prise - mais à quoi bon taxer d'homophobie une société qui a fait preuve de la plus grande ouverture? Sans dire que l'homophobie a été éradiquée et que tout est réglé de façon définitive, force est de reconnaître que l'égalité de droit a été atteinte, ici et ailleurs. Le but n'est pas de débattre du niveau d'homophobie encore présent dans la société - mais d'envisager la meilleure approche pour ne pas en attiser et pour conserver les acquis. Mon différend avec ce "lobby gai" est d'abord d'ordre stratégique. La chose à ne pas faire serait de forcer la note.
L'objectif: que homosexualité soit acceptée par la concitoyenneté,
ou du moins tolérée - pas qu'elle soit promue ou glorifiée. Une
surreprésentation médiatique des minorités sexuelles, excédant largement leur
poids démographique est à redouter. Il n'y a rien à gagner en défiant l'hétéro
normativité de la société. Pour se faire respecter, mieux vaut se tenir d'aplomb
dans la sobriété que d'agiter le drapeau gai avec exubérance. L'attirance
envers une personne de même sexe n'est pas une "bonne" chose (ni une "mauvaise"): c'est
l'acceptation de soi qu'il faut encourager. Il s'agit de s'intégrer pleinement
au peuple en refusant de figurer au nombre des intouchables chouchous du régime
diversitaire, notamment en refusant le clientélisme communautariste des partis
politiques
Les militants gais font erreur en taxant
d'homophobie les élus qui ne participent pas au cirque politique du défilé de
la fierté. Le meilleur moyen de se faire haïr est de lancer des accusations
d'homophobie à tort et à travers. À ne pas confondre un refus de jouer le jeu
du communautarisme avec de l'homophobie - même si l'un n'exclut pas forcément
l'autre. Idem pour la critique des subventions d'État allouées à l'événement.
Idem pour la perplexité des hétérosexuels qui réalisent que le concept de
"fierté hétéro" susciterait l'ire des progressistes, alors qu'on les
encourage à applaudir la fierté gaie. Je comprends évidemment le pourquoi de la
"fierté". Mon point c'est qu'au lieu de traiter ces gens
d'homophobes, il faudrait comprendre que l'intersectionnalité ne fait
qu'accentuer les divisions.
La palme du mauvais service revient à ceux qui
viennent exhiber leurs fantasmes sado-masochistes sur la place publique au défilé. Bien qu'ils
ne représentent qu'une infime minorité de l'assistance, leurs photos (avec
enfants à proximité) deviennent virales sur les réseaux sociaux et suscitent un
vif sentiment de répulsion. En faisant égoïstement de l'événement une
célébration de leur sexualité privée, ils entachent tous les homosexuels. Il y
a certainement des Irlandais qui sont adeptes de BDSM, mais on ne voit pas de
dominatrice promener ses esclaves sexuels comme des chiens en laisse à la
parade de la Saint Patrick!
Le défilé LGBTQ+ n'est-il pas devenu
contre-productif? Un événement pour commémorer le chemin parcouru avec
gratitude pourrait prendre d'autres formes. Sans perdre de vue que le combat le
plus urgent demeure celui des personnes homosexuelles qui vivent dans des pays
où elles sont persécutées ou mises à mort. Les militants LGBTQ+ et leurs alliés
néo-progressistes insistent pour que le méchant Occident s'auto flagelle.
Pourtant, le reste de la planète est loin d'être aussi progressiste.
La militance frondeuse LGBTQ+ constitue une
menace susceptible de provoquer un retour de balancier, et pas uniquement à
cause du "TQ+". Les homosexuels gagneront à répudier les
"politiques de l'identité" et à rejeter leurs points bonis d'intersectionnalité.
Pourquoi faudrait-il que l'orientation sexuelle soit l'identité principale d'un
individu - celle mise au premier plan? Je m'identifie bien plus comme patriote/
nationaliste ou comme métalleux qu'à la case stéréotypée correspondant à
l'orientation où me relègue le régime diversitaire.