Peut-on être homo ET anti-LGBTQ+ ? (1ère partie)

Par: Ophélien Champlain

 Pour commencer, il faut comprendre que le "LGB" n’a rien à voir avec le "T". La cause des homosexuels est dissociable de celles des personnes transgenres et transsexuelles. On ne regrouperait pas les luttes pour le droit des noirs et des personnes handicapées sous un même acronyme. Pourquoi mêler l'orientation sexuelle avec la dysphorie de genre? Contrairement à une perception erronée, les transgenres ne sont pas forcément homosexuels. Une femme trans (c'est-à-dire un homme biologique avec des organes génitaux mâles) pourrait être attirée par des personnes de sexe masculin ou féminin (ou par les deux). Ainsi, le "T" ne désigne pas une catégorie d’individus englobée dans le "LGB": elle en déborde amplement. 


 Dans les années 2010, l'acronyme a subi la mutation LGBTTQQIAAP2+, qui l'a "radicalisé". Sa forme usuelle s'écrit LGBTQ+. Toute aussi légitime que soit la cause intersexe, désignée par le "I", les caractéristiques sexuelles atypiques et ambiguïtés génitales n'ont aucun rapport avec l'orientation sexuelle. Le premier "A", qui renvoie à l'asexualité (l'asbense d'attirance et de désir sexuel) indique qu'on y mélange tout et son contraire. Quant aux autres lettres, elles désignent des catégories identitaires qui ne correspondent à aucune réalité tangible.


 L'acronyme LGBTQ+ désigne davantage une mouvance idéologique qu'une "communauté" d'individus - fictive, puisqu'elle n'existe pas concrètement. La présence du groupe Black Lives Matter en tant qu'invité d'honneur au Toronto Pride 2016 et l'aménagement d'un "safe space" pour personnes de couleur sur le site de Fierté Montréal en 2018 sont indicateurs d'un alignement néo-progressiste (similaire dans les autres pays). Il s'inscrit dans les "politiques de l'identité" (identity politics) en vertu desquelles toutes les personnes d'un groupe doivent rester confinées dans la même case de prêt-à-penser. Une "personne LGBTQ" est tenue d'appuyer toutes les bonnes causes progressistes et de voter en conséquence.  Il serait inadmissible qu'elle adhère à un point de vue s'apparentant au conservatisme social. Le cas échéant, elle deviendra paria et sera exclue de la "communauté". Comme quoi, l'acronyme LGBTQ+ défend une idéologie plutôt que les individus qui font partie de sa collection.


 L'idéologie LGBTQ+ reconnaît la théorie du genre, selon laquelle le masculin et le féminin ne seraient pas déterminés par la biologie, mais par un construit social. Il suffit d'affirmer "se sentir" femme pour exiger d'être reconnu comme femme à 100%. Reconnaître la dysphorie de genre ne me pose pas de problème... mais je ne veux pas être forcé d'admettre qu'une femme puisse avoir un pénis ou qu'un homme ait un utérus. En cautionnant le déni de la réalité biologique, la mouvance LGBTQ+ ouvre la porte à une succession de dérives: l'accession d'un homme biologique à la présidence d'une association pour le droit des femmes; permettre à des femmes trans (donc: hommes biologiques) d'affronter des athlètes de sexe féminin dans des compétitions sportives; autoriser la présence de "femmes avec pénis" dans des espaces où l'on se dénude réservés aux femmes; et les incarcérer dans des prisons pour femmes. Certains militants trans vont même jusqu'à reprocher aux lesbiennes de refuser d'avoir des relations sexuelles avec des femmes trans, c'est-à-dire avec des mâles biologiques. Je comprends que les tenants du LGBTQ+ ne sont pas tous aussi exaltés, mais je me réserve le droit de réfuter un dogme qui accorde une légitimité incontestable au ressenti subjectif de l'individu.

 

Il y a cependant des personnes trans qui ne prétendent pas être des hommes ou des femmes à part entière. C'est le cas de la vlogueuse transgenre Blaire White, qui explique qu'elle ne s'identifie pas comme une femme, mais en tant que femme "trans" - et que le suffixe existe précisément pour établir cette distinction. Ce discours, pourtant susceptible de mener à la meilleure acceptation sociale, se fait taxer de transphobie par certains militants LGBTQ+. Je choisis sans hésiter d'appuyer le camp des transgenres qui se font traiter de transphobes (j'ai au moins un point en commun avec eux).

 

 La mouvance LGBTQ+ cautionne aussi la promotion de la théorie du genre à l'école primaire, qui est incluse du nouveau programme d'éducation sexuelle - évidemment sans contre discours. On a même vu circuler des vidéos où de flamboyantes drags queens s'en étaient donné le mandat - sur invitation de l'école (ça correspond peut-être à des cas isolés, reste qu'on est en droit de vouloir se dissocier de l'initiative). En quoi serait-il bon d'expliquer à des petites filles qu'elles sont peut-être des garçons (et inversement)? Pourquoi aller implanter des idées dans la tête d'enfants d'un âge impressionnable qui ne se posent pas de telles questions? La dysphorie de genre ne touche d'ailleurs qu'environ 0,005% de la population. Mettre des ressources à la disposition des parents dont l'enfant manifeste une dysphorie de genre est une bonne chose, mais pourquoi aller au devant d'interrogations que la majorité des enfants n'aura jamais?


 L'acronyme LGBTTQTIAAP2+ ressemble à un problème d’algèbre... Et les polynômes LGB font partie de l’équation qu'ils le veuillent ou non - éclaboussés par les égarements de ceux qu'on leur a amalgamés. Le citoyen lambda peu familier avec les questions concernant les minorités sexuelles va finir par tout mettre dans le même sac, considérer que les "gais" commencent sérieusement à exagérer et s'indigner de voir "un homosexuel à la tête d'un groupe pour femmes" (commentaire vu sur les réseaux sociaux). C'est étonnant, et surtout dommage, que les homosexuels ne soient pas plus nombreux à refuser d'agiter le drapeau de cette idéologie néo-progressiste entrelacée du féminisme de 3ème vague. Dans cette partie, je me suis concentré sur les éléments extrinsèques à l'orientation sexuelle - qui suffisent amplement à me faire rejeter l'acronyme. En 2ème partie, je m'attarderai à des problèmes qui concernent plus directement son caractère LGB.



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