Sur
le blogue JusteSix, j’ai publié un
billet dans lequel je réponds à la lettre ouverte qu’Estelle Grignon a adressée
à Francine Pelletier, après que celle-ci ait écrit une chronique dans
laquelle elle parlait des soucis des femmes et des féministes face à certaines
revendications de personnes trans.
En
plus de ce que j’ai écrit dans ce billet, j’aimerais revenir sur la question
des centres d’hébergement pour femmes. Le Vancouver Rape Relief Center (VRRC) a
perdu son financement parce qu’il était le seul centre pour femmes à rester
strictement pour les femmes (c’est-à-dire les femelles humaines). Grignon
souligne que le financement pourra revenir si le centre met fin à sa politique
« discriminatoire », mais ne mentionne pas (par ignorance ou parce
que ça ne cadre pas avec son idéologie ?) que le fait d’admettre dans
des centres d’hébergement pour femmes des hommes s’identifiant comme des femmes
a bel et bien causé des problèmes.
Sans
prétendre que tout trans de sexe mâle, ou même toute personne de sexe mâle à
qui on donnerait accès à un centre d’hébergement pour femmes causerait
forcément des problèmes, il semble raisonnable et légitime de demander de
respecter le besoin de femmes victimes d’agressions sexuelles, de violence
conjugale, d’exploitation sexuelle et d’autres sévices de la part d’hommes
(c’est-à-dire des mâles humains), d’avoir des refuges où on peut leur assurer qu’elles
n’auront pas à côtoyer des hommes (peu importe l’expression de genre et
l’identité de genre de ces derniers).
Grignon
passe une bonne partie de sa lettre à parler des personnes trans qui ont été
victimes d’agression. Cela est certes déplorable, mais ça ne répond pas aux
arguments qui font valoir que les femmes qui se réfugient dans des centres
d’hébergement ressentent le besoin d’éviter le contact avec les hommes (peu
importe que ceux-ci s’identifient au genre féminin ou pas).
Grignon
écrit que le VRRC est le seul centre de Vancouver à ne pas accueillir de trans
de sexe mâle (Grignon désigne ces derniers avec l’expression « femmes
trans »). Autrement dit, Grignon a conscience que des ressources pour les
trans de sexe mâle victimes de violence, il y en a. Pourquoi fallait-il couper
ses subventions au seul centre qui est réservé aux femmes ?
Il
y a des humains de sexe mâle, trans ou non, qui sont victimes de violence
sexuelle et d’autres types de violence. Il est important qu’il y ait des
ressources pour eux. Seulement il y a des bonnes raisons de consacrer certaines
ressources aux femmes seulement (tout comme il y a des raisons de consacrer
certaines ressources aux personnes mineures, aux Premières nations, aux
immigrants, aux handicapés, etc.). Pourquoi est-ce que ce serait aux femmes
victimes de violence de renoncer à leur sentiment de sécurité dans les rares
espaces qui leur sont consacrés, parce que D’AUTRES agressent des personnes
trans?
Grignon
reproche de manière tout à fait injuste à Pelletier de nier la vulnérabilité
des personnes trans victimes de viol en déplorant que l’on ait coupé les
subventions au VRRC : « Pour Francine Pelletier,
c’est une attaque aux femmes les plus vulnérables, comme si les femmes trans
victimes de viol ne l’étaient pas. » Souligner la vulnérabilité des femmes
qui ont besoin de recourir aux centres d’hébergement, n’est pas nier la
vulnérabilité des trans de sexe mâle qui ont été agressés !
Il
serait temps que les militants trans arrêtent d’empiler les hommes de paille
comme celui exposé au paragraphe précédent et aussi qu’ils cessent d’exiger que
la société au complet occulte la réalité. Pelletier souligne ceci avec
justesse : « Toutes
les autres données fournies au gouvernement, ou à Statistique Canada, sont
d’ordre scientifique, c’est-à-dire qu’elles sont vérifiables ; celle-ci,
l’identité de genre, soudainement ne l’est plus. » Le sexe, par contre,
est vérifiable. Et les militants trans veulent nous forcer à l’occulter,
notamment en voulant nous obliger à passer sous silence la différence entre une
femme et un trans de sexe mâle (parce que c’est ce qu’ils veulent faire en nous
forçant à dire que les «femmes trans» sont des femmes comme les autres).
Être
de sexe femelle a été et est encore un facteur de discrimination, de violence,
d’oppression. Les femmes ont des intérêts et des soucis qui ne concernent pas
directement les trans de sexe mâle, et elles devraient pouvoir les faire valoir
sans se faire traiter de transphobes ou de TERFs, et a fortiori sans risquer de
perdre leur emploi ou leurs tribunes.