Interdire le voile pour des raisons féministes

Par: Annie-Ève Collin

Tout d'abord, il importe de spécifier que je ne suis favorable qu'à des interdictions contextuelles du voile. J'appuie la loi 21, tout en considérant qu'elle aurait dû s'appliquer à plus de fonctionnaires - et je rappelle qu'elle interdit tous les signes religieux pas seulement le voile.


Mais laissons de côté la laïcité. Je crois qu'il serait légitime d'interdire le voile temporairement dans beaucoup de contextes, pour diverses raisons. Dans ce billet, je parlerai spécifiquement de la raison féministe : le voile est un signe d'inégalité entre les hommes et les femmes et il véhicule le message que le corps de la femme est intégralement érotique et qu'il n'est que ça. Il est aussi le signe d'adhésion à un système de croyances qui établit clairement l'infériorité des femmes et l'autorité des hommes sur elles.

Pour cette raison, il serait tout à fait légitime de l'interdire partout dans la fonction publique, et de l'interdire également - par un règlement de l'organisation, pas par une loi - aux élèves dans les écoles primaires et secondaires (tout comme on leur interdit vraisemblablement les autres signes discriminatoires, ainsi que les vêtements trop sexy), aux employées dans les différents milieux de travail. Cette raison suffirait à interdire d'en ajouter un à l'uniforme dans les activités sportives (bien que l'uniformité qui est de rigueur dans les équipes sportives soit déjà une raison suffisante à elle seule).

D'aucuns répondent à cet argument que les musulmanes qui portent le voile peuvent choisir de le porter et qu'elles n'ont pas besoin de nous pour les protéger. Certains ajoutent qu'elles ne nous ont rien demandé.

Mis à part quand il est question d'en interdire le port à des fillettes, je ne me souviens pas d'avoir vu des gens appuyer l'interdiction du voile  dans le but de protéger les femmes qui le portent, spécialement pas celles qui le portent volontairement. Ce sont les autres femmes qu'il est question de respecter.

C'est le droit des autres femmes à ne pas être exposées à un signe discriminatoire à leur endroit quand elles vont chercher des services de l'État qui doit être protégé. Il serait légitime qu'un milieu de travail veuille éviter à ses employées et/ou à ses clientes de voir un tel signe.

Les femmes sont pour ainsi dire le seul groupe historiquement victime de discrimination dont on s'attend à ce qu'elles acceptent, au nom de l'inclusion, de l'anti-racisme ou de je ne sais quoi, d'être exposées à des signes discriminatoires à leur endroit.



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