Bijoux de famille et salon d'esthétique

Par: Annie-Ève Collin

"Qu'est-ce que ça peut faire que quelqu'un aille faire pipi dans les toilettes de son choix?" Voilà une réaction fréquente quand une personne, particulièrement une femme, réagit à l'idéologie qui veut qu'on fasse semblant qu'un trans m@f est vraiment une femme et qu'un trans f@m est vraiment un homme, pour ne pas heurter les sentiments des personnes trans. Ma réponse à cela est la même depuis longtemps : à partir du moment où on reconnaît que quelqu'un est une femme, on s'enlève la possibilité de lui refuser l'accès à ce qui est réservé aux femmes, et ça ne se limite pas aux toilettes publiques.


Étant donné que je suis de ces féministes "réactionnaires" qui considèrent que le sexe est une réalité, et que cette réalité compte, notamment en ce qui concerne la défense des droits des femmes, je me tiens au courant de ces histoires qui devraient supposément nous laisser indifférents, parce qu'après tout "chacun ses choix", et "vive la diversité". J'étais au courant depuis longtemps du cas du trans m@f qui exigeait que des esthéticiennes épilent ses parties intimes et les menaçait de poursuites, une histoire qui semble enfin avoir attiré l'attention en dehors des cercles de féministes critiques du genre.

Connaissez-vous la série canadienne Degrassi? Elle a commencé longtemps avant que les injonctions des militants LGBTQ-alouette (je rappelle que je fais une différence entre ces militants et les personnes homosexuelles, bisexuelles et transsexuelles) deviennent aussi contraignantes qu'aujourd'hui. Bien que les dernières saisons de cette émission aient été un bel exemple de propagande de la gauche régressive, ça n'a pas toujours été le cas. Je me souviens d'une réplique qui ferait scandale aujourd'hui, dans le cadre de cette émission.

Dans un épisode qui date d'il y a longtemps, un personnage de trans f@m veut participer à un club de combat de son école. Le professeur responsable de ce club de combat refuse de laisser la jeune personne se battre contre des garçons ; la jeune personne refuse de se battre contre des filles. Elle dit à son professeur : "Je suis un garçon!" Le professeur lui répond fort justement : "Entre tes deux oreilles peut-être, mais on ne combat pas avec sa tête, on combat avec ses poings."

Voilà. Et les esthéticiennes n'épilent pas des "identités de genre", elles épilent des parties du corps. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles une esthéticienne peut refuser d'épiler des parties génitales mâles. Il se peut fort bien qu'elle n'ait pas été formée pour ça : les lois sur l'identité de genre ne changeront jamais le fait qu'une vulve n'est pas pareille à un pénis et des testicules. Ça peut aussi être une question de pudeur : je vous signale que pour épiler des parties génitales, il faut y toucher. La société en est-elle rendue à un point où la défense des minorités va jusqu'à admettre qu'on impose à une femme de toucher les parties génitales d'un homme pour ne pas heurter une minorité?

Un billet de la féministe Meghan Murphy nous informe que les poursuites ont bel et bien eu lieu, et qu'elles ont contraint des femmes à fermer leur salon d'esthétique. Voilà où nous en sommes.

Comment ne pas faire le lien avec un autre argument souvent invoqué par les militants LGBTQ-alouette et leurs alliés : "Mais pourquoi se soucier autant des organes génitaux des autres? Après tout, la plupart du temps, on ne les voit pas, alors pourquoi leur accorder de l'importance?" Eh bien justement, il y a des circonstances dans lesquelles on les voit, comme cette histoire le révèle.

De toute façon, quand bien même une vérité ne serait pas importante dans un contexte donné, depuis quand est-ce que cela fait en sorte que la fausseté peut se substituer à la vérité sans problème? S'en tenir autant que possible à la vérité est nécessaire, puisqu'une vérité qui semble sans pertinence ou sans importance au moment où on parle, pourrait prendre de l'importance à un autre moment, et si on s'est compromis en acceptant une fausseté à sa place, les problèmes commencent.

Les trans m@f ne sont pas des femmes, et les trans f@m ne sont pas des hommes. Comme toutes les distinctions, ces distinctions peuvent prendre de l'importance dans divers contextes, et c'est pour cela qu'on ne doit pas les occulter. Comme toutes les affirmations vraies, ces affirmations vraies ont leur importance et on ne devrait pas leur substituer des faussetés.



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