L'arrogance d'Élyse Bourbeau

Par: Annie-Ève Collin

Au début de l’année 2019, Élyse Bourbeau s’est fait connaître en dehors du milieu de l’enseignement en raison de sa responsabilité dans l’exclusion de la professeure Nadia El-Mabrouk d’un colloque, auquel la présence de cette dernière était prévue depuis plus d’un an. El-Mabrouk devait y parler de laïcité. L’élément déclencheur ayant mené à la décision de la désinviter : une accusation de transphobie de la part de Bourbeau. Or, El-Mabrouk ne fait preuve d’aucune phobie, elle a simplement conscience que le sexe existe, et elle utilise les mots fille, garçon, femme et homme en fonction du sexe des gens, conformément à l’usage normal de ces mots. Il serait temps que les militants LGBTQ-alouette prennent conscience qu’il n’y a qu’eux pour utiliser ces mots en fonction du genre revendiqué et qu’ils n’ont pas à imposer de façon unilatérale une nouvelle définition des mots.

 

Voilà qu’Élyse Bourbeau suscite à nouveau des réactions, avec un statut Facebook pour lequel il serait long de relever tous les problèmes qu’on y retrouve. Je me contenterai de relever ceux qui me paraissent particulièrement flagrants.


La génération la plus éduquée?



 

Il est pour le moins audacieux d’affirmer que les jeunes de 14 ans d’aujourd’hui sont la génération la plus éduquée, sensibilisée et ouverte d’esprit que l'histoire humaine ait connue. Une telle affirmation demanderait une justification solide. Beaucoup plus solide que la description de relativisme je-m’en-foutiste qui précède cette affirmation.



L'exception religieuse et le prétendu "droit" d'enseigner



 

Un enseignant qui remarque la pâleur de ses élèves, et que ceux-ci ont du mal à faire leurs exercices, devrait s’en inquiéter, pas sourire intérieurement. À plus forte raison si les élèves en question lui apprennent que cette pâleur et ce manque de concentration sont le résultat d’une privation de nourriture ! Cette situation illustre très bien l’exception religieuse que de nombreux partisans de la laïcité dénoncent depuis longtemps : des choses qu’on n’accepterait pas normalement, pour de bonnes raisons, deviennent acceptables, voire même admirables parce qu’elles sont faites en vertu d’une religion.

 

Bourbeau a du culot de dire que la loi 21 oblige au conformisme. D’une part, l’école impose un certain code vestimentaire depuis toujours, et pour plusieurs raisons valables, aussi bien aux enseignants qu’aux élèves ; appliquer aux signes religieux ce qui s’appliquait déjà aux signes politiques et à bien d’autres signes, vêtements et accessoires, n’est pas obliger au conformisme davantage qu’auparavant. L'habillement est un mode de communication, il y a des façons de s'habiller qui conviennent dans certains contextes, mais pas dans d'autres. Avoir conscience de cela n'est pas du conformisme, ni de la fermeture d'esprit, encore moins un manque d'éducation ou de sensibilité. D’autre part, encore une fois, c’est à Bourbeau que l’on doit l’exclusion de Nadia El-Mabrouk d’un colloque. À croire que Bourbeau se prend pour la référence normative quant aux différences qu’on doit célébrer et aux différences qu’on doit exclure, effacer, censurer, diaboliser. 

 

Contrairement à ce que prétend Bourbeau, enseigner n’est pas un droit. Exercer un métier n’est jamais un droit. Pour exercer un métier, il faut acquérir les compétences nécessaires. Il faut aussi pratiquement toujours se plier à certaines normes, incluant des normes vestimentaires. 


On reconnaît par ailleurs la rhétorique habituelle des anti-laïcité : la prétention qu’il est interdit à ceux qui portent des signes religieux d’enseigner. Comme n’importe qui d’autre, ceux qui portent des signes religieux peuvent enseigner s’ils ont les compétences pour le faire et qu’ils acceptent de respecter certaines règles, dont certaines concernent l’habillement au travail.


Religion et homosexualité, rien à voir !



 

On ne dira jamais assez que la comparaison entre l’homosexualité et la religion est fallacieuse. D’abord, être homosexuel n’est pas adhérer à un système de croyance. Ensuite, on refusait bel et bien les postes d’enseignants aux personnes homosexuelles, même s’il est vraisemblable qu’elles pratiquaient l’homosexualité EN DEHORS de leur lieu de travail. Tel que dit précédemment, la loi 21 n’interdit à personne d’enseigner, elle impose des conditions pour le faire. En fait, elle ne fait qu’abolir l’exception pour les signes religieux à des conditions qui existaient déjà pour pouvoir enseigner. On ne peut pas s’habiller n’importe comment pour enseigner, et c’est justifié : l’habillement est un mode de communication, et un enseignant est soumis à certains devoirs quant à ce qu’il peut communiquer quand il joue son rôle d’enseignant.


De plus, il paraît étrange que quelqu'un qui s'identifie à la communauté LGBTQ prône une défense aussi aveugle des religions : l'homophobie des religions est largement connue, et c'est en ayant notamment les lobbies religieux comme adversaires que les homosexuels, bisexuels et transsexuels ont acquis les droits pour lesquels ils ont lutté. Ne pas tenir compte de cela relève plutôt de l'ignorance que de l'ouverture d'esprit.

 

Il y a toutefois un point commun que je veux bien accorder à Élyse Bourbeau entre les religions et, non pas le fait d’être homosexuel, bisexuel ou transsexuel, mais la communauté LGBTQ (en effet, je suis bisexuelle, mais je n’ai rien à voir avec cette communauté militante, et la même chose est vraie pour un bon nombre d’homosexuels, bisexuels et transsexuels). Comme les religions, l’idéologie LGBTQ-alouette est dogmatique et ses partisans veulent l’imposer à tous comme si c’était la Vérité, alors que, comme les religions toujours, bien loin d’être vraie, elle contredit des faits scientifiques largement connus en plus d'être incohérente. En témoigne le fait que cette communauté militante ait fait exclure une professeure d’un colloque simplement parce qu’elle a conscience que les enfants qu’on appelle des « filles trans » sont en réalité des garçons.



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