L'inspecteur Camus et Anarchopanda : pour qui se prennent-ils?

Par: Admin

Xavier Camus et Julien Villeneuve, aussi connu sous le surnom d’Anarchopanda, sont deux enseignants en philosophie au niveau collégial qui sont par ailleurs actifs sur les réseaux sociaux. Ils se vantent l’un et l’autre de défendre la justice sociale. Ensaf Haidar, la femme de Raïf Badawi, se passe désormais de présentation. Elle est très au courant de ce qu’est l’injustice. Qu’est-ce que ces deux enseignants en philosophie et internautes actifs sur les réseaux sociaux trouvent à faire ? Rabaisser Ensaf Haidar.

 

Ils ont l’un et l’autre montré amplement leur biais en faveur des musulmans, ou plutôt devrait-on dire en faveur du type de musulmans qui gravitent autour d’eux, du type de musulmans qui défendent le voile (parce qu’en effet, ce ne sont pas tous les musulmans qui défendent le voile, celui-ci est critiqué dans les communautés musulmanes, y compris dans les pays où les musulmans ne sont pas minoritaires), du type de musulmans qui ne tolèrent pas qu’on critique leur religion et qui voient de "l'islamophobie" partout.


Ensaf Haidar est diplômée en études coraniques, elle a étudié le coran toute sa vie, jusqu’aux études supérieures. Pouvons-nous demander à ces deux enseignants en philosophie et blogueurs quelle expertise ils peuvent opposer à cette dame quand il s’agit de l’islam ? Le fait d’être amis avec Dalila Awada et avec Eve Torres peut-être ? Deux hommes qui ont étudié en philosophie devraient savoir que cela ne fait pas d’eux des experts. 


À moins qu’ils puissent faire la preuve qu’ils ont étudié l’islam, dans le cadre scolaire ou de manière autodidacte, alors ils parlent à travers leur chapeau lorsqu’ils défendent l’islam et le voile, et surtout lorsqu’ils disent à qui veut l’entendre que Djemila Benhabib, Louise Mailloux, Nadia El-Mabrouk et autres critiques de l’islam ont tort et ne sont motivés que par un sentiment d’hostilité envers un groupe d’êtres humains.

 

L’Inspecteur Camus



 

Dans un statut Facebook (voir images ci-dessus) qu’il introduit en parlant d’une récupération d’Ensaf Haidar par l’extrême-droite, l’inspecteur Camus lui reproche, comme on pouvait s’y attendre, d’être liée à Djemila Benhabib – il est à noter d’emblée qu’associer Benhabib à l’extrême-droite relève d’une profonde mauvaise foi. 


Camus reproche à Haidar d’avoir partagé une photo de Benhabib faisant la promotion d’un No Hidjab Day. Qu’y a-t-il de répréhensible là-dedans ? Ce blogueur qui se prétend « féministe jusqu’au bout des doigts » devrait avoir honte de blâmer les femmes qui dénoncent une pratique aussi sexiste. D’ailleurs, son parti pris ressort dans le fait qu’il ne s’est jamais opposé au Hidjab Day. Il a le droit d’avoir des partis pris, mais pas d’associer à l’extrême-droite quiconque n’a pas les mêmes partis pris que lui.

 

On peut également constater son acharnement sur les femmes qui dénoncent le voile islamique dans un autre passage du même statut. En effet, il souligne, comme si c’était une tare, que Haidar a reçu un prix de Pour les droits des femmes du Québec (PDF-Québec), une organisation féministe qu’il réduit à des « militantes anti-voile ». PDF-Québec n’est pas une organisation anti-voile, c’est une organisation féministe, et qui est assez conséquente pour dénoncer le sexisme même quand il a une origine religieuse, y compris s’il s’agit d’une religion autre que le christianisme. Classer PDF-Québec parmi ceux qui ont un « agenda anti-islam », alors qu’il suffit de s’informer un peu pour savoir que le seul agenda qu’elles ont, est un agenda féministe, montre à nouveau les raccourcis intellectuels dont Camus s’est fait le spécialiste depuis quelques années.

 

Camus devrait aussi savoir que le concept d’islamophobie est très critiqué et très critiquable : si personne ne peut nier qu’il existe, en Occident, des gens hostiles aux musulmans en général, ou encore aux Arabes (souvent sans même se rendre compte que musulman ne veut pas dire arabe et qu’arabe ne veut pas dire musulman), le concept d’islamophobie est bel et bien employé pour diaboliser et faire taire ceux qui critiquent l’islamisme, le djihad et la charia. Que l'on s'en serve pour diaboliser Djemila Benhabib en est un bon exemple.

 

Mais il n’est pas étonnant que notre inspecteur des réseaux sociaux ignore cela, puisqu’il est de ceux pour qui il suffit de s’opposer au voile islamique (alors même que de nombreux musulmans et de nombreux musulmanes s’y opposent), ou de dénoncer des pratiques réellement contraires à la justice sociale, telles que la ségrégation dans les mosquées, l’homophobie au nom d’Allah, etc., pour se retrouver dans la catégorie des islamophobes. On peut le constater dans de nombreux écrits, et il serait beaucoup trop long de donner tous les exemples. Nous nous contenterons de mentionner sa charge récente contre Lise Boivin. 




Eh oui, Lise Boivin, en féministe conséquente, se permet de rappeler que le hidjab est un signe d’infériorisation de la femme et souligne avec raison qu’un parti qui se dit féministe ne peut pas défendre une pratique sexiste. L’inspecteur Camus n’a manifestement aucun argument pour montrer que Boivin n’a pas raison. Il est à noter que dénoncer le sexisme du hidjab n’est pas la même chose que « s’acharner sur la communauté musulmane » (quelle communauté, du reste ?) Cela en plus de sa charge contre PDF-Québec suffit à donner un bon aperçu de son acharnement sur les féministes qui dénoncent le sexisme de l’islam. Il suffit de suivre ses publications pour constater une série d’autres preuves de cela.

 

On se demande d’ailleurs où sont les féministes intersectionnelles, qui prétendent avoir pour principe que c’est aux principales intéressées de parler de leurs oppressions. Comment se fait-il qu’elles ne rappellent pas à l’ordre cet homme blanc qui dit aux femmes comment doit s’actualiser leur féminisme, et qui va même jusqu’à s’en prendre à des femmes de culture musulmane, notamment Ensaf Haidar, Djemila Benhabib, Fatima Houda-Pepin et Nadia El-Mabrouk, quand elles dénoncent le sexisme de leur propre religion ? Eh bien nous allons vous le dire, où elles sont : elles sont en train d’appuyer cet homme qui se prétend féministe alors qu’il diabolise continuellement les féministes conséquentes.

 

Pour ce qui est du parallèle entre le hidjab et la croix gammée, Boivin est loin d’être la première à le faire. Dans les deux cas, il s’agit d’un signe discriminatoire. La discrimination fondée sur le sexe serait-elle moins grave aux yeux de Camus que la discrimination fondée sur la race ? En fait, il y a de quoi soupçonner que oui, puisqu’il s’attend manifestement à ce que les femmes acceptent de faire passer la reconnaissance de leur égalité avec les hommes après bien des choses, notamment après la protection de ceux dont il a fait ses victimes par excellence à protéger à tout prix : les musulmans (ou plutôt, encore une fois, un certain type de musulmans).


On pourrait à la rigueur reprocher à Boivin d'avoir eu recours au point Godwin, mais Xavier Camus est bien le dernier à être bien placé pour lui reprocher ça, lui qui associe constamment tant de gens à l'extrême-droite.

 

Pour finir, Camus accuse également Boivin d’avoir un agenda anti-islam, comme il l’a fait pour Djemila Benhabib et PDF-Québec, montrant à nouveau qu’à ses yeux, être contre le voile = avoir un agenda anti-islam, ignorant complètement, encore une fois, que de nombreux musulmans et de nombreuses musulmanes sont contre le voile, de sorte qu'on peut douter que l'opposition au voile ne peut pas être motivé par autre chose qu'un sentiment hostile envers les musulmans en général. Il y a franchement lieu de se demander ce que l’inspecteur Camus connaît à l’islam, puisqu’il se croit manifestement en position de dire de ceux qui critiquent cet aspect de l’islam qu’ils ont tort.

 

Pour en revenir à Ensaf Haidar, Camus ne manque pas de lui reprocher ses « accointances » avec Robert Spencer. Or, on ne dispose d’aucune preuve permettant de conclure qu’elle est proche de lui. Qu’elle l’ait présenté comme son bon ami ne veut rien dire : si Camus était honnête, il aurait conscience que dans un contexte mondain, désigner quelqu’un comme son ami est une façon de parler qui n’implique aucunement des relations intimes. Qu’est-ce qu’Haidar connaît des positions de Spencer ? On l’ignore. On ne sait rien de ses relations avec lui. Camus nous fait ici l’honneur d’une autre de ses spécialités : la culpabilité par association.

 

Finalement, l’inspecteur a l’audace de reprocher à Haidar de ne pas se remettre en question. N’a-t-il pas songé, lui, à remettre en question ses positions de «défenseur des musulmans» et ses positions sur Djemila Benhabib : puisque Haidar la voit comme son alliée et semble confirmer les critiques formulées par Benhabib, c’est peut-être qu’il y a du vrai dans ce que dit cette dernière ? Il y a au moins lieu d'envisager cette possibilité.

 

Le Panda-Julien-Villeneuve-pour-la-laïcité-halal


 


Le Panda est un autre personnage public qui n’a pas d’autre autorité que celle qu’il se confère lui-même par arrogance. Comme Camus, il associe Haidar à l'extrême-droite, et il se permet un commentaire teinté de l'arrogance qui le caractérise, que l'on constatera à la lumière d'autres exemples, à commencer par celui-ci.



 

Le Panda, à l’instar de l’inspecteur Camus, semble sortir une expertise sur l’islam d’on ne sait où. Comme le montre la capture d’écran ci-dessus, lorsque François Doyon, un de nos collaborateurs, qui est également docteur en philosophie et spécialisé en herméneutique, a écrit un billet dans lequel il affirmait que parler d’un « vrai islam » était manquer gravement de nuance, le Panda, en ne manquant pas de s’en prendre au passage aux New Atheists – d'autres auteurs qu’il ne fait que ridiculiser, sans jamais nous faire l’honneur d’arguments dignes de ce nom montrant qu’ils n’ont pas raison – a répliqué en suggérant que François Doyon n’avait pas les compétences nécessaires pour parler du Coran et de l'islam, sans toutefois dire en quoi Doyon avait tort.

 

En plus d'être spécialisé en herméneutique, Doyon a cité, dans son billet, des spécialistes de l’islam pour appuyer ses dires. Surtout, il est plus nuancé que notre mascotte politique : il n’a pas écrit que l’islamisme était LA bonne interprétation de l’islam, mais bien qu’il y a plusieurs interprétations possibles du coran et que, sur le plan théorique, rien ne permet d’affirmer que l’interprétation des terroristes n’est pas valable, que ce n’est pas « LE vrai islam ». Contrairement à Anarchopanda (et à Michel Seymour), Doyon n'a pas l'arrogance de décréter que les interprétations du coran qui ne confirment pas ses propres biais ne sont pas "LE vrai islam".

 

Notre mascotte montre également sa mauvaise foi en affirmant que Doyon s’attarde sur le sujet du mauvais islam : vous pouvez fouiller dans les écrits de notre collaborateur, vous ne trouverez guère de publications qui critiquent spécifiquement l’islam. Doyon est un philosophe anti-théiste, qui critique le théisme en général, et parfois le christianisme en particulier (il a étudié l’histoire du christianisme dans le cadre de son doctorat : François Doyon parle de ce qu’il connaît, un exemple dont Messieurs Camus et Villeneuve devraient s’inspirer).

 

Plus flagrant encore, si vous lisez le billet de Monsieur Doyon, vous constaterez qu’il y a écrit que la majorité des musulmans sont pacifistes, et il ne suggère jamais que leur islam n’est pas le vrai islam ; il se borne à dire que l’interprétation de l’État islamique n’est pas moins islamique que l’interprétation des musulmans pacifiques. Bref, le jupon « je-vois-de-l’islamophobie-partout » d’Anarchopanda dépasse drôlement ; il ferait bien d’arrêter de traiter avec une telle arrogance un enseignant en philosophie qui est certainement au moins aussi compétent que lui.

 

Pour résumer, Villeneuve n’est pas en position de dire que Doyon a tort sur l’islam, encore moins de dire qu’Ensaf Haidar a tort sur la charia, à moins qu’il ne puisse faire la preuve d’une expertise qu’il peut leur opposer.

 

Voici d’autres exemple de mépris du Panda, où on constate qu’il fait, comme l’Inspecteur Camus, une fixation sur Djemila Benhabib et une fixation sur les féministes qui dénoncent le voile islamique :

 

« Vous savez où il s’est infiltré, l’intégrisme? Dans la tête de Djemila Benhabib. Pas besoin de photo pour voir ça. » (27 janvier 2014)

 

« Quand vous êtes fâché-es parce que Djemila Benhabib reprend à son compte les niaiseries du président de la Fraternité du SPVM sur les dangers d’une ville multiethnique et de ses mosquées, rappellez-vous (sic) qu’à la place d’être au gouvernement elle blogue des affaires mal écrites sur “Sympatico”. Ça va déjà mieux, non ? » (28 décembre 2014)

 

« Comprendre que l’immense majorité des gens qui étaient contre la charte des valeurs du PQ étaient néanmoins pour la laïcité : pas vraiment compliqué pour le commun des mortels, toujours impensable pour Djemila Benhabib. » (9 juin 2016)

« Djemila se rapproche de sa forme finale » parce qu’elle considère les féministes de la mouvance islamogauchiste aussi nuisibles que les islamistes eux-mêmes. (2 septembre 2016)

« Si, au travers d’une lutte, aussi noble soit-elle, tu deviens la copie carbone de ce contre quoi tu luttes, c’est probablement le temps de prendre un break et de laisser la place à d’autres. Ce statut est dédié à Louise Mailloux. » (17 février 2014)

 

« Tel le Christ ressuscité, Louise Mailloux émergea de la caverne et répéta mécaniquement les paroles attendues au sujet du burkini. Essentiellement, elle prononce une fatwa contre les hidjab (sic) dans les écoles et les garderies, peut-être inspiré (sic) par les déclarations récentes de Lise Payette. Rendons à César ce qui lui appartient : je ne crois pas que Louise Mailloux pense que le burkini fait peur aux poissons. » (3 septembre 2016)

 

Conclusion 


Pour conclure, nous ferons une remarque sur ceux qui suivent ces deux enseignants en philosophie au collégial, des gens dont le double standard nous paraît inacceptable. Nous avons souvent vu les sbires de Xavier Camus, qui sont souvent les mêmes que ceux du Panda pseudo-progressiste, déplorer qu’on laisse enseigner la philosophie au niveau collégial des gens qui, selon eux, sont idéologiquement biaisés. Parmi ces derniers, on retrouve notamment deux collaborateurs de notre webzine : François Doyon, dont nous avons parlé précédemment, et Annie-Ève Collin. Il va sans dire que ces deux personnes affichent publiquement leurs orientations idéologiques, puisqu’elles écrivent notamment pour nous. Les fans de Xavier Camus en concluent qu’elles ne devraient pas enseigner parce qu’elles risquent d’exercer une influence indue sur leurs élèves, ou encore de traiter injustement ceux qui ne pensent pas comme elles.

 

Or, Anarchopanda et Xavier Camus exposent tout autant leurs orientations idéologiques en public. Nombre de fans de Camus considèrent notamment qu’il y a lieu de s’inquiéter que François Doyon et Annie-Ève Collin traitent injustement leurs élèves religieux (ce dont ils n’ont pas la moindre preuve, ils ne se basent que sur les positions que ceux-ci expriment sur les religions en dehors de leurs classes). Ne s’inquiètent-ils donc pas tout autant que Messieurs Camus et Villeneuve se montrent injustes avec certains de leurs élèves, par exemple ceux qui appuient le Parti québécois ou la Coalition avenir Québec, ou qui appuient la laïcité incluant l’interdiction de signes religieux pour les fonctionnaires ? Ne craignent-ils pas que le contenu de leurs cours soit idéologiquement orienté, comme le sont leurs prises de positions publiques, puisqu’ils craignent que ce soit le cas pour Collin et Doyon ?

 

Sans doute qu’ils ne s’en inquiètent pas. Ils ne s’en inquiètent pas parce que la vérité, c’est qu’ils n’ont rien contre un enseignement idéologiquement orienté, ils ont quelque chose contre un enseignement qui ne va pas dans le sens de LEURS orientations idéologiques. 


Notez que pour notre part, nous ne présumons rien sur l’enseignement de Messieurs Camus et Villeneuve : nous avons justement conscience que ce qu’un citoyen qui s’adonne à être enseignant écrit dans des publications sur un blogue ou sur les réseaux sociaux, ne donne aucune information sur le contenu de ses cours, ni sur ses rapports avec ses élèves. Nous faisons seulement ressortir le deux poids deux mesures des fans des ces blogueurs controversés : ces gens confondent l’objectivité avec le fait de penser comme eux.


Ceci dit, si nous ne présumons rien sur l'enseignement de Messieurs Camus et Villeneuve, nous constatons que leur prétention d'être progressistes est discutable, pour s'en prendre à une victime d'injustice grave telle que Ensaf Haidar. Nous constatons aussi que leur biais en faveur de la lutte contre "l'islamophobie" les empêche tous les deux d'être rigoureux, et que l'un et l'autre passe beaucoup d'énergie à salir des gens, notamment en les associant à l'extrême-droite.

 

 

 



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