Minorité, majorité, tasse de thé...

Par: Annie-Ève Collin

Ces derniers jours, on a pu lire qu'en France, on envisage de modifier les formulaires pour les enfants à l'école, de remplacer les mots mère et père par parent 1 et parent 2. Beaucoup réagissent négativement à cela, et je ne veux pas diaboliser leur réaction : je comprends qu'une mère dise qu'elle est la mère de son enfant, pas son parent 2. Cependant, il vaut la peine de prendre une grande respiration et se demander, premièrement, si la mesure est pertinente - et j'expliquerai pourquoi selon moi, elle l'est, mais pourrait être améliorée - et deuxièmement, si les résistances ne sont pas motivées surtout par des sentiments hostiles aux homosexuels ou aux personnes trans, davantage que par des raisons rationnelles.


On n'a pas tort de tenir pour acquis que la majorité des enfants sont élevés par leurs parents biologiques, leurs géniteurs. Ceci dit, les cas d'enfants qui ne sont pas élevés par leurs géniteurs ne sont pas si rares que ça. Il y a des enfants élevés par des parents adoptifs, hétérosexuels ou homosexuels. Il y a des enfants qui ont perdu un parent biologique, qui sont élevés par un de leurs parents biologique et par un autre adulte devenu le compagnon ou la compagne de leur parent biologique. Il y a des enfants qui ont perdu leurs deux parents biologiques et qui sont élevés par d'autres membres de leur famille : leurs grands-parents, un oncle et une tante, par exemple. Ces cas existent et qu'y a-t-il de mal à en tenir compte lors des démarches administratives?

L'idéal serait peut-être d'avoir une section où on inscrit le nom des "Parents" ou des "Tuteurs", avec des lignes pour écrire les deux noms, et à côté, des lignes pour spécifier leur lien avec l'enfant. Comme ça les pères pourraient inscrire qu'ils sont des pères, les mères, qu'elles sont des mères, et les autres, spécifier un autre lien. Je dois dire que je vois bien mal quelle objection rationnelle on pourrait avoir à cela.

Les objections qu'on peut lire sont bien souvent : "On laisse la minorité homosexuelle imposer ses règles à la majorité." ou encore "Si on fait ça, on va céder aux délires des trans qui veulent qu'on arrête de mentionner que les gens ont un sexe." Est-il si important pour vous de ne rien céder aux homosexuel(le)s ou aux personnes trans, que vous voudriez qu'on refuse une mesure qui simplifie une démarche administrative tout en permettant de prendre en compte tous les cas de figure possibles, pour le principe de ne pas accommoder les trans ou les homosexuel(le)s? Je ne cherche pas l'homophobie, encore moins la transphobie où il n'y en a pas, mais dans un cas comme celui-là, il vaut la peine de se demander ce qui motive les réactions négatives des gens.



SUIVEZ-NOUS SUR FACEBOOK