Réponse au bilan de l'année 2018 de Xavier Camus

Par: Admin

Ce texte est une contribution spéciale à notre webzine de la militante féministe, laïque et nationaliste Marie-Élaine Boucher


Le 30 décembre, sur son blogue, Xavier Camus nous honorait d’un billet dans lequel il se pose à la fois en victime et en sorte de héros combattant l’extrême-droite, sans toutefois perdre son habitude de tordre la vérité, ni celle de faire des raccourcis intellectuels.

Il est tout d’abord à noter qu’il se réfère au site Internet On jase, un site bien peu fiable, un site de prédilection pour se vautrer dans les pseudo sciences sociales. Site où le moindre clic sur une publication est considéré comme un acte digne d’un régime totalitaire. À titre d’exemple, on y a déjà publié un compte rendu d’une table ronde, écrit par une auteure qui admet elle-même n’avoir même pas assisté au cinquième de ladite table ronde. On peut aussi noter l’obsession des auteurs qui écrivent sur ce site pour les chroniqueurs du Journal de Montréal, qu’ils traînent sans arrêt dans la boue, ainsi que pour des militantes laïques et féministes telles que Louise Mailloux et Djemila Benhabib (ces obsessions sont d’ailleurs partagées par Xavier Camus). De nombreux textes sur ce site ressemblent beaucoup plus à des règlements de compte avec des militant(e)s, politicien(ne)s et chroniqueur(euse)s qui ne carburent pas au discours multiculturaliste et soi-disant inclusif d’une certaine frange de gauche, qu’à des textes ayant pour but de favoriser l’ouverture et la tolérance.

Bref, contrairement à sa prétention d’être un site pour la diversité, pour l’ouverture, contre l’intolérance et contre l’extrême-droite, on peut surtout y voir un site contre le Journal de Montréal, contre la laïcité et contre toute forme de critique de l’islam, y compris de l’islamisme – la cible réelle des chroniqueurs du Journal de Montréal. Plutôt que de viser vraiment l’extrême-droite, les auteurs qui écrivent sur ce site ont une vision tellement large de l’extrême-droite que ça en devient ridicule : ils voient de l’extrême-droite partout (tout comme Xavier Camus d’ailleurs). Pour finir ce bref point concernant le site Internet On jase, les personnes qui sont critiquées sur ce site sont également attaquées verbalement. Il n’est pas étonnant que Xavier Camus vante ce site, puisqu’on y utilise les mêmes procédés que ceux qu’il utilise lui-même sur son blogue ; cependant, quiconque n’est pas un idéologue partageant les vues de Camus et des auteurs de On jase ne s’y laisse pas prendre.

Passons : d’après le billet de Camus, on s’est rendu compte (grâce à lui-même et aux auteurs de On jase, n’est-ce pas) que les membres de la Meute sont peu nombreux et ont du mal à attirer des gens à leurs manifestations. C’est à se demander pourquoi ces gens font une telle obsession à propos d’un groupuscule dont ils admettent eux-mêmes qu’il n’arrive pas à grand-chose.

Camus attaque une fois encore le philosophe François Doyon, en se présentant comme la victime de ce dernier. Il déforme la réalité en écrivant : « Dans le sillage de mon entrevue sur Atalante, d’autres militants anti-islam cherchent eux aussi à me nuire à leur manière, en portant plainte contre Radio-Canada car je ne serais pas suffisamment « expert » à leur goût. L’ombudsman rejette leur plainte sans hésiter, estimant que je serais tout à fait crédible et que c’est plutôt eux qui font de l’acharnement. Le principal plaignant, François Doyon, perd ainsi la face et décide de quitter Facebook dans les semaines subséquentes. »

Les propos de Xavier Camus sont encore une fois un tissu de mensonges. Premièrement, François Doyon n’est pas un militant anti-islam – sans parler de la construction de la première phrase de l’extrait précédemment cité, qui va jusqu’à suggérer une ressemblance entre le philosophe québécois et Atalante. François Doyon est un militant anti-théiste et sceptique, membre des Sceptiques du Québec. Même en cherchant, on ne trouve aucun article ou essai de sa part qui cible spécifiquement l’islam ; on ne trouve que des écrits qui parlent du théisme en général ou des écrits qui parlent du christianisme.

Deuxièmement, les plaignants n’ont pas cherché à nuire à Xavier Camus : ils ont protesté parce qu’on présentait ce dernier comme un spécialiste de l’extrême-droite, ce qu’il n’est pas. Radio-Canada trompait le public en le présentant comme un expert. En effet, Camus n’a aucun diplôme pertinent, ni aucune expérience qui permette de le classer comme un spécialiste de l’extrême-droite. Il s’y intéresse, certes, mais d’une façon amateure et aucunement professionnelle, ni même honnête. Les plaignants ont aussi fait valoir, avec plusieurs preuves à l’appui, que les écrits de Camus sont parfois mensongers, voire diffamatoires. Il est parfaitement légitime qu’ils aient émis des réserves quant à la crédibilité d’un blogueur qui a déjà écrit des textes dénaturant les faits par le passé, et, qui plus est, ne les a jamais démentis après qu’on lui ait donné l’heure juste. 

Troisièmement, contrairement à ce qu’affirme Xavier Camus, l’ombudsman de Radio-Canada n’a pas rejeté sans hésiter la plainte de François Doyon. En effet, celui-ci à transmis la plainte à Ahmed Kouaou, du Service d’éthique journalistique de Radio-Canada. Ahmed Kouaou, dans un souci d’exactitude, celui de s’en tenir aux seuls faits, a fait modifier la présentation de Xavier Camus sur le site Internet de l’émission. On peut y lire désormais qu’il "est professeur de philosophie et suit à la trace les groupes d'extrême-droite au Québec". Rectifier les faits en supprimant le mot « expert », ce n’est pas rejeter une plainte sans hésiter. D’ailleurs, il est à noter que ladite plainte n’a pas été faite en février 2018, mais en décembre 2017 ; il faut croire que Camus n’a retenu que la partie de cette histoire qui faisait son affaire (celle où l’ombudsman lui accorde de la crédibilité et critique le webzine Discernement dans lequel écrivent les plaignants), et a repoussé le reste si loin dans sa mémoire qu’il s’imagine que cette histoire commence avec sa petite victoire personnelle.

Après être revenu brièvement sur Atalante, Camus s’en prend à des chroniqueurs du Journal de Montréal en suggérant de façon subliminale un lien entre tous ceux qu’il n’aime pas et l’extrême-droite. Tout comme les auteurs qui écrivent pour le site On jase, il montre simplement qu’il a des comptes à régler avec les chroniqueurs du Journal de Montréal, il ne montre en rien que les discours de ces derniers sont problématiques, encore moins qu’ils ont un lien avec l’extrême-droite. Certains pourraient vouloir objecter qu’il montre que Lise Ravary s’est basée sur une fausse nouvelle au début de l’année 2018, mais dans la mesure où elle a reconnu son erreur par la suite, quel reproche peut-on lui faire ? Que des gens d’extrême-droite apprécient Mathieu Bock-Côté ne fait pas non plus de lui quelqu’un d’extrême-droite. Permettez-nous de vous rappeler que des gens d’extrême-droite ont aussi apprécié Darwin. Mathieu Bock-Côté a spécifié à maintes reprises être favorable aux droits humains fondamentaux, il n’a pas à être tenu responsable de ceux qui font une lecture personnalisée et fallacieuse de ses propos.

Camus défend par la suite son amie Eve Torres : « Au même moment, une vague de haine déferle contre la candidate solidaire Ève Torres, pour la simple raison qu’elle porte le voile. Même si elle est progressiste et féministe, rien n’y fait. » Eve Torres n'a pas été victime de haine. Elle a suscité des réactions légitimes en s'obstinant à porter le voile en se présentant en politique dans une société où l'étalage ostentatoire de la religion et le sexisme - le voile combine les deux - sont mal vus. Ce n'est pas parce qu'on répète que cette femme est féministe et progressiste qu'elle le devient. Un mensonge ne devient pas une vérité sous prétexte qu’on se le répète ad nauseum. Il y a de bonnes raisons de considérer le voile comme rétrograde et sexiste, et il serait temps que Camus tienne compte des arguments de ceux qui s’opposent à ce signe religieux plutôt que de rester enfermé dans sa chambre à écho.

En parlant des dernières élections provinciales, Camus écrit ceci : « Québec solidaire remporte dix sièges, autant que le Parti québécois. Philippe Couillard et Lisée quittent la politique. François Legault triomphe et ne trouve rien de mieux à faire que d’annoncer que sa priorité sera d’interdire le port du voile dans la fonction publique. » Exactement le genre de torsion de la vérité dont il a l’habitude. Legault n’a pas annoncé que sa priorité serait d’interdire le port du voile dans la fonction publique, mais bien que la laïcité serait un dossier prioritaire, incluant l’interdiction DES SIGNES RELIGIEUX (et non pas de l’un d’entre eux en particulier) aux fonctionnaires en position d’autorité.

Le passage suivant suggère la façon qu’a Camus de croire que ses positions sont les seules acceptables : « La solidaire Catherine Dorion fait l’objet d’une réelle fixation de la part des chroniqueurs réactionnaires et des radio-poubelles. Québec solidaire la soutient heureusement et se définit comme la réelle alternative progressiste au conservatisme ambiant. » Pouvons-nous rappeler à Camus que Catherine Dorion est une politicienne, et que rien n’est plus normal pour un chroniqueur que de parler d’un(e) politicien(ne) ? Catherine Dorion a tenu des discours critiquables, et, dans une démocratie, on peut critiquer les discours de n’importe quel politicien. Va falloir t’y faire, mon Tit-Coco : tu vis en démocratie, tu peux bloquer ceux qui te contredisent sur ton mur, mais tu ne pourras jamais contrôler le discours des gens quand tu sors de ton safe space. D’ailleurs tu es mal placé pour remarquer avec un ton de reproche les fixations chez les autres, étant donné les tiennes sur la Meute, Dave Treg, les chroniqueurs du Journal de Montréal et Djemila Benhabib.

Malgré nos désaccords, je te souhaite une bonne année 2019. En attente de pouvoir rétablir des faits omis volontairement ou déformés concernant les sujets de tes prochains textes.

Bien à toi,


Marie-Élaine Boucher



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